La vie qui se vit et qui se passe via les réseaux sociaux est devenue une réalité depuis plus d’une décennie. De plus en plus, il est difficile de trouver quelqu’un qui n’a jamais eu un rapport, même de consultation, avec un réseau parmi la carte désormais vaste d’options : Instagram, Tik Tok, Facebook, X (ancien Twitter), WhatsApp, YouTube, LinkedIn, Kwai, Pinterest, etc.
Dans le classement des réseaux sociaux existants, c’est indéniable que Facebook reste une référence majeure dans l’introduction et la socialisation des individus dans le monde numérique des interactions. Depuis sa création, il est devenu un des réseaux sociaux le plus actif et attractif au monde et un des moyens pour ses utilisateurs de se mettre en scène et de construire leurs relations.
Cependant, est-ce que vous vous êtes déjà demandé si cette forme d’interaction produit des effets sur la production de subjectivité chez les utilisateurs (la façon dont ils se voient et voient les autres, la façon dont la forme d’interaction instaure des nouvelles manières d’établir des relations humaines, etc.) ? Si vous êtes utilisateurs de Facebook, avez-vous déjà pensé quels effets cela a produit dans la façon dont vous interagissez avec vous-mêmes et avec les autres ? Qu’est-ce que le fait d’avoir un espace public virtuel produit dans notre vie réelle et son expression dans les espaces concrets des villes ? Quelles stratégies individuelles pouvons-nous mettre en place pour faire figurer notre monde intérieur sur Facebook, et quel impact ces publications ont-elles sur nous ?
Motivées par ces questions, nous avons mené une étude partant de l’hypothèse que les publications sur Facebook dévoilent à la fois les enjeux de la plateforme et les formes d’expression de soi dans la vie contemporaine.
Cet article met en avant les éléments qui permettent de considérer l’usage de Facebook comme relevant d’une démarche de production individuelle via les médias participant à une nouvelle manière de se voir et d’interagir dans un monde hyperconnecté, peuplé d’identités narratives, visuelles et numériques, dans lequel l’espace et le temps sont en constante transformation. C’est-à-dire, le fonctionnement, l’architecture du Facebook et ses enjeux sont des instruments d’expression de soi et de détermination de cette expression dans le monde qui est le nôtre et qui ne fera pas marche en arrière.
Socialisés dans ces nouveaux espaces de pratiques de soi, nous affectons le monde qui nous entoure par nos créations et nos façons de communiquer. Ces nouvelles possibilités d’ « affecter le monde » et de « se laisser affecter » montrent la capacité du monde virtuel à produire de la subjectivité et de l’engagement, en suscitant chez nous des formes de travail sur nous-mêmes et sur les autres.
